Insécurité : les sauvages et les civilisés


Humeurs / vendredi, 11 septembre, 2020

Apparemment, une nouvelle race de gens se développe en France : les Barbares, les Sauvages et ceux en voie « d’ensauvagement ». Ceux qui les dénoncent se posent, cela va de soi, en « civilisés ». Et c’est sans doute au nom de la Civilisation qu’ils tentent d’inculquer aux victimes potentielles la peur de ce nouveau fléau dont ils n’ont pas conscience. Tout ça pour quelques voix au prochain scrutin…

Vous avez dit « insécurité » ? C’est quoi ?…  Avoir peur de sortir le soir ? Se faire voler son sac à main ? Se faire tabasser au coin de la rue ? Suspecter un passant de délit de faciès ?

Non.

C’est aller au boulot le matin avec la menace d’être licencié le lendemain; c’est arriver au bureau en se demandant si c’est aujourd’hui qu’on passera à la casserole du patron ; c’est partir à l’école sans savoir ce que les caïds vont exiger ce jour-là ; c’est arriver au 15 du mois et ne plus pouvoir payer le crédit ; c’est sortir des vestiaires en se cachant de l’entraineur dans l’espoir qu’il ne remette pas ça encore une fois ; c’est marcher en baissant les yeux pour ne pas provoquer un contrôle de police qui pourrait finir mal.

Voilà de quoi on a peur.

Les auteurs de cette insécurité ? Les « ensauvagés », peut-être ?…

NON ! Ce sont les civilisés, les beaux messieurs en costard, les élégantes dames en tailleur, qui discutent autour d’un cognac ou d’une tasse de thé du délai qu’ils octroieront aux pauvres avant de les envoyer finir leur vie à Pôle Emploi, dans la misère et la honte.

Ce ne sont pas des racailles, éradicables au karcher, ce sont des gens haut placés, usant habillement du charme discret de la barbarie, qui couvrent des abjections morales et physiques contre la garantie de pouvoir parader dans les beaux quartiers, les couloirs de la Bourse et des ministères.

Qu’en disent-ils, les politiques, de cette insécurité-là, celle qu’on n’inflige pas à coups de bâton mais à coup d’humiliations quotidiennes ? Celle qui garantit à leurs auteurs l’impunité à perpétuité. Impunité pour cette race de gens très évolués, qui savent doser le venin qu’ils insufflent dans la société, et en même temps crier haro sur leurs victimes empoisonnées.

Ces sauvages endimanchés ne seront pas contrôlés par la BAC, ni refoulés aux frontières, ni dénoncés à la télé. Ils ne font pas partie du programme sécuritaire.

Et je ne crois pas que ces actes de délinquance « omertisée » seront comptabilisés dans les « données de la délinquance »  que le ministre de l’intérieur se propose de commenter chaque mois.

BONUS 

A lire : le livre de  Monique et Michel Pinçon-Charlot « La Violence des Riches » (Editions Zones – La Découverte 2013), qui dévoile qui sont les vrais voyous.

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