La bière artisanale


Vie quotidienne / jeudi, 25 juillet, 2019

Depuis 10 ou 15 ans, la bière est l’objet d’un véritable engouement de la part des consommateurs. Fêtes locales et festivals notamment sont devenus des hauts lieux de descente de bière pression, pour les jeunes et les vieux, les hommes et les femmes, et dans tous les pays. Cette universalité assure à ce breuvage un succès indéfectible.

Les supermarchés n’ont pas raté le coche, et présentent non seulement un nombre de plus en plus varié de marques de bière, mais aussi des mini-fûts qui permettent aux amateurs de se servir chez eux des  ½  bien frais comme au bar.

Il est, du coup, devenu très (trop) commun de demander une bière quand un ami vous demande ce que vous voulez boire. D’ailleurs, les « vrais » amateurs de bière ne manqueront pas, en fins connaisseurs qu’ils croient être, de dénigrer les bières les plus populaires : « Bêêh, la Heineken ! …pas bon ! ». Ne parlons pas de la Kro ! Heureusement, votre hôte vous réserve une jolie surprise, car votre hôte, comme vous-mêmes, sort du commun : «J’ai une bière artisanale, …tu m’en diras des nouvelles ! ».

Et oui ! la fameuse BIERE ARTISANALE…

Celle qui fait la différence entre le pilier de bar et le consommateur éclairé. La même différence éculée qu’il est de bon ton de marquer entre les gourmands et les gourmets, les premiers passant pour des gros ploucs, les seconds se faisant passer pour des dégustateurs raffinés.

Au début (il y a 10 ans), on était un peu étonné : « ah bon ? C’est fait où ? Par qui ? Je ne savais pas qu’on faisait de la bière par ici». Et avec une grimace contenue due à l’amertume du breuvage pas encore vraiment au point, on s’extasiait : « Humm ! elle est bonne… ».

Maintenant, il doit y avoir une dizaine de brasseries artisanales autour de chez vous, et même les supermarchés rivalisent de choix dans ce domaine. Impossible d’ailleurs de tout goûter, de tout connaître, et l’amateur devra choisir au petit bonheur la chance, tout en restant persuadé à chaque achat qu’il a trouvé la perle rare.

En réalité, la bière artisanale est une bière faite par des amateurs, qui, par conséquent, ne maîtrisent qu’approximativement la fabrication du produit. Et quand vous goûtez une bière artisanale, vous ne faites qu’évaluer secrètement à quel point elle s’éloigne de la saveur habituelle des bières que vous connaissez.

Entreprises à la portée de tous et de n’importe qui, les petites brasseries locales fleuronnent (au point de brouiller les cartes du consommateur en quête des fameux « produits locaux »), y compris dans des régions complètement étrangères à la tradition brassicole : Ariège,  Puy de Dôme, Creuse, quel département ne compte pas sa dizaine de micro-brasseries ? C’est comme si on fabriquait du camembert dans les Landes (Humm ! il est bon…), ou de l’Armagnac dans le Pas de Calais (J’adooore !). C’est possible, certes, mais ça s’appelle des ersatz; ou, plus communément, des imitations.

Il m’est arrivé parfois, ayant grand soif en arrivant chez quelqu’un, de solliciter une bière que j’attendais bien fraîche, gouleyante, légère, gazeuse à souhait. Combien de fois m’a-t-on alors proposé avec fierté la fameuse bière artisanale qu’on vient juste de découvrir, et que je savais à l’avance fade, ou acide, ou trop amère, ou trop lourde ou pas assez.

La soif m’a passé tout de suite. Et j’ai rêvé d’une bonne bière industrielle, blonde glacée à faux col. La seule qui vous fait vraiment apprécier « la première gorgée de bière ».

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