Ça court dans l’air depuis un bon moment : l’écologie a le vent en poupe. C’est devenu le paragraphe indispensable à la profession de foi de tout candidat à quelque élection que ce soit : gauche, droite, extrèmes, modérés, en passant par les défenseurs des animaux, déguisés en tête de chien sur les affiches des dernières élections européennes. On y croit ! On soutient la tête de chien !

Depuis la dernière campagne électorale, les résultats sont tombés : les partis politiques s’effondrent au profit des candidats écologistes.

C’est alors qu’un air, …que dis-je « un air », c’est un souffle ! c’est un vent ! c’est une tramontane ! qui balaie les convictions de tous les partis politiques, pour en faire des écolos de toujours. Tous plus convaincus les uns que les autres. Car convaincants, ils ne le sont guère.

Pour preuve de leurs bonnes intentions, les gouvernants prennent des mesures concrètes :

– la taxe carbone : on ne va pas limiter le transport en avion ni en voiture, mais on va faire payer ceux qui l’utilisent. Ainsi, Monsieur Toulemonde payera toujours plus cher ses déplacements en voiture et Monsieur Touriste toujours plus cher ses déplacements en avion. Mais ils n’utiliseront pas moins ces moyens de transport, car ils en ont besoin. Ils payeront juste un peu plus.  De même que la peine de mort n’a aucun effet dissuasif sur la criminalité, de même la hausse des prix n’a pas d’effet sur la consommation. Juste sur le porte-monnaie des consommateurs, à qui on offre ainsi une voie rapide vers le surendettement. Puni, Monsieur Toulemonde ! Puni, Monsieur Touriste !

– interdiction du glyphosate : Monsieur Toulemonde, qui veut désherber son allée de 30 m², devra le faire à la main, le plus souvent possible parce que ça repousse vite, ou s’il est trop vieux pour se baisser, verra son petit paradis se transformer en terrain vague. Pendant ce temps, les cultivateurs de centaines d’hectares ont le droit de répandre les désherbants à leur guise dans leurs champs. Puni, Monsieur Toulemonde !

– interdiction de circuler : quand l’air ambiant devient dangereux à respirer, Monsieur Toulemonde n’a pas le droit de prendre sa voiture. Il voudrait bien prendre les transports en communs, mais il n’en passe pas près de chez lui. Pendant ce temps, son patron lui retient sa journée de salaire, ou  ses clients attendent pour rien, ou son rendez-vous manqué à Pôle Emploi le radiera de la liste. Puni, Monsieur Toulemonde !

– feux interdits : Monsieur Toulemonde n’a plus le droit de faire brûler son tas de feuilles mortes au fond de son jardin : ça pollue !! Son terrain vague deviendra bientôt une décharge. Pendant ce temps, des milliers de camions chaque jour ont le droit de décharger leur oxyde de carbone sur les autoroutes de France (et de Navarre). Puni, Monsieur Toulemonde !

– limitation des matières plastiques : Monsieur Toulemonde n’achètera plus de pailles en plastique pour ses enfants. Pendant ce temps, Coca Cola inonde la planète de bouteilles de soda non dégradables, qu’on retrouvera sur les plages en quantité mille fois plus grande que les pailles en plastique. Puni, Monsieur Toulemonde !

Un programme de protection de l’environnement ?!… Allons donc ! On ne cherche pas à limiter la pollution, mais à gagner de l’argent sur le dos des millions de Monsieur Toulemonde qui polluent à leur petite échelle, dans leur petit chez eux. Pour eux, l’écologie, c’est une suite de punitions qui sanctionnent leur vie quotidienne. Pas de quoi être populaire, comme cause !

Pendant ce temps, les gros pollueurs restent intouchables.