Clémence en vacances


Vie quotidienne / mercredi, 2 décembre, 2020

On l’a dit à la grand-mère
Qui l’a dit à son voisin
Le voisin à la bouchère
La bouchère à son gamin
Son gamin qui tête folle
N’a rien eu de plus urgent
Que de le dire à l’école
À son voisin Pierre-Jean

Clémence, Clémence
A pris des vacances
Clémence ne fait plus rien
Clémence, Clémence
Est comme en enfance
Clémence va bien

Ça sembla d’abord étrange
On s’interrogea un peu
Sur ce qui parfois dérange
La raison de certains vieux
Si quelque mauvaise chute
Avait pu l’handicaper
Ou encore une dispute
Avec ce brave Honoré

Puis on apprit par son gendre
Qu’il ne s’était rien passé
Mais simplement qu’à l’entendre
Elle en avait fait assez
Bien qu’ayant toutes ses jambes
Elle reste en son fauteuil
Un peu de malice flambe
Parfois au bord de son œil

Honoré, c’est bien dommage
Doit tout faire à la maison
La cuisine et le ménage
Le linge et les commissions
Quand il essaie de lui dire
De coudre un bouton perdu
Elle répond dans un sourire
Va, j’ai bien assez cousu

C’est la maîtresse d’école
Qui l’a dit au pharmacien
Clémence est devenue folle
Paraît qu’elle ne fait plus rien
Mais selon l’apothicaire
Dans l’histoire, le plus fort
N’est pas qu’elle ne veuille rien faire
Mais n’en ait aucun remords

Je suis de bon voisinage
On me salue couramment
Loin de moi l’idée peu sage
D’inquiéter les braves gens
Mais les grand-mères commencent
De rire et parler tout bas
La maladie de Clémence
Pourrait bien s’étendre là

Toutes les Clémence
Prendraient des vacances
Elles ne feraient plus rien
Toutes les Clémence
Comme en enfance
Se reposeraient enfin

Anne Sylvestre, décédée le 1er décembre 2020, injustement trop mal connue

Bonus https://www.youtube.com/watch?v=0y2CpkZRGZQ

5 réponses à « Clémence en vacances »

  1. C’est une part de mon enfance (Mouche, mouchelette), de mon adolescence en robe laura ashley (Quand Marie passait seulette…), de l’enfance de mes enfants (fabuleuses fabulettes!) qui disparait.
    J’en ai pleuré…

    1. Tant de chansons d’une terrible actualité, écrites il y a entre 40 et 50 ans !!
      « Xavier » : le petit garçon qui aime jouer à la poupée, et qu’on force à jouer avec des petites voitures.
      « Comment je m’appelle » : d’abord « sucre » et « dentelle »; puis ado « la moche » et « la ronde »; un peu plus tard « ventre » et « biberonne »; et enfin « torchonne » et « carreaux de cuisine ».
      Et bien sûr, « les gens qui doutent » : ceux qui « avec leurs chaînes, pour pas que ça nous gêne, font un bruit de grelot ».
      Snifff….

  2. Tellement de souvenirs … « J’aime les gens qui doutent », « Non, je n’ai pas de nom »… Une artiste s’est éteinte, une femme engagée avec de très beaux textes. Les fabulettes faisait partie de mes albums fétiches avec celui aussi de Marie-Paule Belle… J’écoutais ces disques dans mon manche-disque orange… Très vintage !!!!

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