Prenons le mot puzzle. En le lisant ici même, vous avez opté pour une de ces trois lectures : 100% à la française : pü-zle ; 100% à l’anglaise : peu-zeul ; ou, indécis, moitié-moitié : peu-zle
Même dilemme pour le mot scrabble : scrableu ou scrabeul ?
Que d’hésitations en effet dans la prononciation de mots d’origine étrangère ! Et que de dilemmes dans celle d’expressions françaises.
Le fin du fin du raffinement en matière de prononciation de la langue française se trouve dans cette énigme : doit-on dire « à Arles » ou « en Arles » ? « à l’église » ou « en l’église » ? Que de fois n’a-t-on pas entendu cette subtile différence faire débat.
Si vous avez passé vos vacances en Camargue, je doute que vous vous vantiez d’avoir fait « une étape en Arles » ; vous avez plutôt fait « une étape à Arles ». Mais les puristes vous reprendront certainement, fiers de corriger cette petite erreur, et d’afficher ainsi leur appartenance à la communauté des fins connaisseurs de la langue française.
De même, les défenseurs des valeurs du terroir interviendront si vous utilisez devant eux le fameux couteau « Laguiole ». Avec un brin de condescendance, ils vous reprendront gentiment : « ah oui, ton Layole… ». Et ça, il faut vraiment être du coin pour le savoir ! …Ou vouloir afficher son appartenance à la communauté des fins connaisseurs des usages locaux.
Autres débats possibles : ananasse ou anana ? sourci ou sourcil ? la belle région du Luberon = le Lubéron ou le Lubeuron ?
En réalité, la langue n’est pas figée, elle bouge, elle évolue, dans le temps et dans l’espace, d’une époque à l’autre, d’une région à l’autre. Seuls sont en défaut ceux qui prétendent qu’il « faut » prononcer d’une manière plutôt que d’une autre.
Bonus
« en Arles », « en Avignon », « en Alger » : si vous voulez savoir pourquoi les puristes sont à côté de la plaque, consultez ce site : https://www.lexilogos.com/en_avignon.htm