« Être vieux, c’est dans sa tête ! »
Combien de vieux, qui veulent se persuader qu’ils ne le sont pas, se rassurent par cet argument ?
Mais pourquoi donc ont-ils besoin de se rassurer ?…
Parce que dans notre société, le mot « vieux » est une insulte. Un synonyme d’incapable, fichu, malade, au mieux inutile, rétif aux plaisirs de la vie, et encore plus du corps, inapte aux projets et encore plus à les réaliser.
Honteux de son âge, il faut faire croire qu’on est jeune. Et comme les rides empêchent de le voir sur les visages, il faut convaincre que sa jeunesse est (bien) cachée au fond de sa tête.
Dans d’autres cultures, dont les valeurs ne se fondent pas sur les performances mais sur le respect des individus, le titre de Vieux est un honneur. C’est le titre du chef de famille, du chef de village. Et chaque vieux a sa place dans la famille, dans le village, dans la société. Les rôles ne sont pas les mêmes selon les âges, mais chacun a le sien, tous aussi indispensables.
Chez nous, « vieux » est un gros mot. « Oh ! Ça ne se dit pas ! », protestent les adultes comme les enfants. Il n’y a pas si longtemps, dans les familles, les vieux s’occupaient du jardin, les vieilles gardaient les enfants ou faisaient bouillir la marmite en attendant le retour des jeunes. Aujourd’hui, on les a éliminés de la vie sociale. Et pour cacher (pour oublier ?) qu’il y a des vieux, on a inventé les mots « personnes âgées », « 3ème âge », « séniors ».
Moi, je suis vieux, je suis vieille, et le revendique. Ce n’est pas une offense, c’est une réalité. Je fais plein de choses, j’ai des idées sur tout, je fais des projets. Ce n’est pas incompatible. Je n’envie pas les jeunes, qui n’ont pas l’air plus heureux que moi, loin s’en faut. Pourquoi voudrais-je leur ressembler et « faire jeune » à tout prix ?
Toi qui ne veux pas être vieux, renies-tu donc tout ce que tu as vécu pendant toutes ces années ?
Mais alors,… à quoi t’as servi ta vie ?…